Toute organisation, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un acteur public ou d’un prestataire impliqué dans des secteurs critiques, doit initier sans délai sa mise en conformité et repenser sa gestion des risques selon les nouveaux standards européens.
Un contexte réglementaire renforcé : l’impact de NIS 2 en 2025
Depuis sa publication au Journal Officiel de l’UE, la directive NIS 2 constitue un texte de référence pour la cybersécurité des réseaux et des systèmes d’information en France et dans l’Union européenne. Sa transposition en droit français a débuté en octobre 2024, ouvrant une période transitoire jusqu’à fin 2027 pour la conformité complète. Certaines exigences, telles que la déclaration d’incidents majeurs, s’appliquent déjà dès 2025.
Organismes concernés par la directive NIS 2
- Secteurs concernés : NIS 2 élargit son champ d’application à 18 secteurs, classés comme « hautement critiques » (énergie, santé, eau, infrastructure numérique…) et « critiques » (industrie, administration, hôpitaux, transports…).
- Entreprises et prestataires : Sont incluses toutes les structures dépassant 50 salariés ou 10 millions d’euros de chiffre d’affaires ou de bilan, ainsi que toute entité dont l’activité est jugée « critique » (par son importance dans une chaîne de valeur, indépendamment de sa taille). Les sous-traitants et prestataires assurant des fonctions essentielles pour ces acteurs entrent également dans le périmètre NIS 2.
- Responsabilité individuelle : Au sein d’un groupe, chaque entité légale doit déterminer séparément si elle relève de la directive.
Les organisations qualifiées d’« entités essentielles » ou « importantes » sont soumises à des exigences spécifiques, qui peuvent être plus strictes pour les premières.
Gouvernance et gestion centralisée des risques
- Implication de la direction : Les politiques de cybersécurité requièrent une approbation au plus haut niveau de l’organisation. Les dirigeants sont responsables du suivi et de la formation en cybersécurité.
- Audits et documentation : Un audit du système d’information et des pratiques de sécurité est requis, ainsi qu’une analyse des écarts par rapport aux normes NIS 2. L’ISO 27001 est fréquemment utilisée comme cadre de référence.
- Plan d’action et moyens : Élaborez un plan de conformité, identifiez les compétences et ressources à mobiliser, intégrez la formation et prévoyez un budget adapté à la durée du projet.
Protocoles et mesures techniques essentiels
L’ANSSI recommande un ensemble de bonnes pratiques :
- Durcissement et cloisonnement
- Limiter les expositions : fermeture des ports et services non nécessaires, application du principe de moindre privilège.
- Cloisonnement du réseau, segmentation pour limiter la propagation d’une intrusion.
- Correction rapide des vulnérabilités (gestion des correctifs).
- Renforcement des configurations, notamment celles des annuaires Active Directory et équipements de bordure réseau.
- Gestion rigoureuse des mots de passe et des droits d’accès, renouvellement régulier, gestion des comptes administrateurs.
- Supervision et détection
- Mise en place de solutions de détection et d’analyse (SIEM, EDR, collecte et analyse des journaux système/réseau).
- Identification précoce via une surveillance en temps réel des activités suspectes.
- Évaluation continue et tests de vulnérabilité, y compris des audits de configuration Active Directory par des outils spécialisés.
- Réponse à incident et gestion de crise
- Élaboration de plans de gestion de crise et de remédiation numérique.
- Documentation à jour, procédures d’alerte et centralisation des incidents.
- Déclaration des incidents majeurs à l’ANSSI via les canaux officiels (CERT-FR, CSIRT…).
Sécurité du réseau et gestion des accès
- Segmenter le réseau pour limiter la propagation d’attaques.
- Sécuriser l’accès distant et renforcer l’authentification lorsque cela est possible, par exemple via l’authentification multi-facteur (MFA).
- Contrôler les droits sur les infrastructures critiques (Active Directory, serveurs, accès cloud).
Protection des données
- Chiffrement des données sensibles (au repos et en transit).
- Surveillance des opérations et accès aux données, alertes sur comportements inhabituels.
- Archivage sécurisé et tests réguliers des procédures de restauration en cas d’incident.
Menaces majeures et obligations spécifiques en 2025
Selon l’ANSSI, les menaces identifiées pour 2024-2025 incluent :
- Ransomware (rançongiciels) : attaques visant le chiffrement et une demande d’extorsion.
- Spearphishing : courriels ciblés visant à compromettre des décideurs ou le département informatique.
- Attaques de la chaîne d’approvisionnement : compromission d’un tiers ou prestataire pour viser une organisation cible.
- DDoS, sabotage, exfiltration de données et espionnage sont également relevés, notamment lors d’événements majeurs.
Surveillance et sanctions
- Audits réguliers et supervision : l’ANSSI peut effectuer des contrôles, audits et, si nécessaire, recommander des mesures correctives.
- Sanctions : en cas de non-conformité, les entités essentielles peuvent être soumises à des amendes pouvant atteindre 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial, selon la gravité et la coopération démontrée.
- Centralisation et traçabilité : les organisations concernées doivent tenir un registre d’incidents, déclarer sans délai les attaques majeures et garantir la traçabilité des actions de sécurité.
Gestion sécurisée de la chaîne d’approvisionnement et sous-traitance
NIS 2 engage à une vigilance renforcée sur toute la chaîne :
- Cartographie des fournisseurs : identifier tous les prestataires et évaluer leur importance pour la sécurité du système d’information.
- Exigences contractuelles : inclure dans les contrats avec les prestataires des engagements alignés sur les obligations de sécurité applicables.
- Surveillance continue : suivi des incidents chez les fournisseurs, stratégies de réversibilité et dispositifs d’audit sur la sécurité des prestataires.
Bonnes pratiques opérationnelles pour 2025
- Réaliser un audit et formaliser un plan de conformité si ce n’est pas déjà en place.
- Mettre à jour régulièrement les équipements, en particulier les solutions critiques telles que l’annuaire Active Directory, les pare-feux et les solutions antivirus/EDR.
- Assurer la formation de tout le personnel à la reconnaissance et la gestion des risques cyber.
- S’assurer d’une documentation à jour, de l’archivage des logs, d’une gestion structurée des incidents et de la coordination avec l’ANSSI.
- Anticiper l’augmentation des attaques sur la chaîne d’approvisionnement et mettre en œuvre une gestion contractuelle et technique appropriée des prestataires.
- Allouer un budget adapté compte tenu des enjeux liés à la conformité, à la protection des données, à la continuité d’activité et à la réputation.
En 2025, les organisations opérant dans des secteurs critiques ou gérant des données sensibles doivent prendre en compte les exigences actualisées en cybersécurité : conformité à la NIS 2, recommandations de l’ANSSI, gestion proactive des incidents et amélioration de la résilience face aux menaces identifiées. Les aspects réglementaires, techniques et organisationnels font de la cybersécurité un élément structurant de la gouvernance.
Sources
Avertissement : Tout le contenu, y compris le texte, les graphiques, les images et les informations, présent sur ou accessible via ce site Web, est uniquement à titre d’information générale. Les informations et les matériaux contenus dans ces pages, ainsi que les termes, conditions et descriptions qui y apparaissent, sont susceptibles de changer sans préavis.